Quartier au mille facettes, le Marais est aujourd'hui autant arpenté pour ses boutiques luxueuses aux devantures alléchantes que pour les pâtisseries qui s'y sont multipliées.
Devenu un véritable paradis des foodies, on trouve depuis longtemps dans le Marais les mêmes chocolatiers de luxe qu'à Saint Germain des prés : Jacques Genin, Patrick Roger, Michel Cluizel ou encore Edwart. On s'y régale de falafels, on y shoppe italien chez Eataly, on peut encore y déjeuner dans un troquet, au hasard, Chez Nénesse.
Au-delà du shopping, des flâneries du dimanche, à chaque coin de rue, le long des murs épais des nombreux hotels particuliers on est happé par le poids de l'histoire. Rue du Grenier sur l'eau se cachent les vestiges d'un cimetière médiéval, et quelques maisons à encorbellement.
Déambulant, on pense pêle-mêle aux moines de l'abbaye d'Ourscamp qui, en business men avisés, venaient vendre la laine de leurs moutons. Les routes de la laine partaient au nord du Marais. Leur cave vieille de 800 ans est encore visible à qui sait pousser les bonnes portes ! On frémit au souvenir du bal des ardents où Charles le fou le devint pour de bon lorsqu'il vit ses camarades de bamboche brûler vif.
On sourit aussi à imaginer Cateau la Borgnesse à son balcon, admirant l'entrée du jeune Louis, "just married" et futur roi Soleil, qu'elle aurait déniaisé quelques années plus tôt. On imagine Margot divorcée, cougar du quartier, flanquée d'un jeune mignon à l'Hotel de Sens, ou encore l'ombre de Victor Hugo, rentrant le soir dans sa demeure de la place des Vosges. Et sur la place justement on pense horrifié à l'époux de Catherine de Médicis, l'oeil transpercé par la lance de Montgomery, agonisant face à des médecins tétanisés.
Les pierres plusieurs fois centenaires murmurent l'histoire, le sang et la tragédie.
Les siècles se mélangent et se superposent mais une histoire demeure et traverse tout le quartier, non pas celle de personnages mais celle d'une communauté, d'un peuple, qui y fut toléré, en fut chassé maintes fois, y trouva de nouveau refuge avant d'y être sacrifié.
Alors que nos temps se troublent, ralentissons le pas et arrêtons-nous dans le Marais, "ghetto" juif du Moyen Age bien avant d'être un ghetto de luxe. S'il y a bien un endroit pour nous permettre de comprendre et se souvenir de l'histoire des communautés juive à Paris, c'est ici.
Au-delà de la touristique rue des Rosiers et des falafels, il faut de pousser la porte du mémorial de la Shoah, décrypter l'enseigne de l'Ecole du travail, lire les plaques commémoratives et se souvenir de la collaboration, de l'attentat de 1982, admirer la façade Art Nouveau de la synagogue de la rue pavée pour comprendre comment la déportation des juifs du Marais et d'ailleurs n'est pas le fruit du destin qui s'acharne mais le point culminant glaçant d'une histoire vieille comme les pavés du Marais.
Mémorial de la Shoah : http://www.memorialdelashoah.org/
Musée d'Art et d'histoire du judaïsme : https://www.mahj.org/
Musée Carnavalet : https://www.carnavalet.paris.fr/
Pour une visite du Marais, autour de l'histoire de la communauté juive ou tout autre thématique, contactez-moi !
Comments